Bordeldans le camp de concentration de Gusen, en Autriche. Durant la Seconde Guerre mondiale, l' Allemagne nazie crée des bordels dans les camps de concentration (en allemand : Lagerbordell) pour inciter les prisonniers à collaborer. Mais ces établissements sont utilisés principalement par des kapos, c'est-à-dire des prisonniers
Les premiers camps de concentration furent ouverts en Allemagne même. Par la suite, d'autres camps furent construits dons les pays occupés d'Europe centrale et orientale. Isolés, loin de tout témoin, les prisonniers y étaient traités encore plus camps renfermaient essentiellement des Juifs mais aussi des prisonniers politiques, des journalistes, des syndicalistes, des Tziganes, des homosexuels et des Témoins de Jéhovah… Les nazis tenaient des registres dans lesquels figurait le nom de chaque prisonnier, sa date d'arrivée, la raison de sa présence dans le camp, les délits commis, les châtiments infligés, la cause et la date du prisonniers se voyaient attribuer, à la place de leur nom, un numéro qui était tatoué sur leur avant-bras. Les châtiments étaient inhumains et les détenus pouvaient être abattus au moindre prétexte. La nourriture était rationnée, les hivers rigoureux et les maladies faisaient des ravages. Les prisonniers dormaient dans de gigantesques dortoirs, jusqu'à dix dans le même lit. Nombre d'entre eux étaient utilisés comme cobayes pour des expériences médicales. D'autres étaient conduits dans des usines voisines pour travailler comme L'opération n'était pas douloureuse et ne durait pas plus d'une minute, mais elle était traumatisante. Sa signification symbolique était évidente pour tous c'est un signe indélébile, vous ne sortirez plus d'ici ; c'est la marque qu'on imprime sur les esclaves et les bestiaux destinés à l'abattoir, et c'est ce que vous êtes devenus. Vous n'avez plus de nom ceci est votre nouveau nom. » Primo Levi dans Les Naufrages et les Rescapés Le tatouage n'était pas une expérience agréable, surtout si on songe au côté primitif de l'appareil utilisé. Il y avait du sang et une vilaine boursouflure après. Mais l'expérience la plus traumatisante, ce fut le rasage du crâne. Je me sentis totalement vulnérable et réduite à moins que rien. Je dus également abandonner mes vêtements, et je me suis retrouvée complètement nue, chauve, avec un numéro sur le bras. En l'espace de quelques minutes, on mavait privée de toute trace de dignité humaine et il n'était plus possible de me différencier de tous ceux qui m'entouraient. »Anita, survivante de l'HolocaustePour en savoir plus, découvrez nos dossiers sur le sort des enfants dans la Shoah,la genèse du génocide avec les extraits de la série documentaire Jusqu'au dernier la destruction des Juifs d'Europe,l'histoire du conflit raconté au travers d'images d'archives dans Apocalypse la Deuxième Guerre mondiale,des témoignages de personnes ayant vécu la Seconde Guerre mondiale dans Un village français, ils y étaient...
SophieNahum est réalisatrice de documentaires depuis plus de vingt ans. Après une dizaine de films pour les grandes chaînes principalement Arte, elle décide de produire ses films de manière totalement indépendante. Young et moi (2015, primé au Figra) sera le premier. Depuis cinq ans, elle se consacre entièrement à l’ambitieux projet « Les Derniers ».
Mercantilisme, bousculade, attitudes choquantes… L'ancien camp d'extermination d'Auschwitz est la première destination des tour-opérateurs de Cracovie. Dans la foule, se recueillir est impossible. Peut-être qu'il y a des visites organisées, ça serait plus pratique... – Tu as raison, on perdra moins de temps. » Ils sont deux, un couple de quinquagénaires, attentifs l'un à l'autre. En vacances et de passage à Cracovie, ils ne veulent pas manquer le must » de la région la visite du camp de concentration d'Auschwitz, à 60 kilomètres de là. Gentiment, l'employée de l'office du tourisme les renseigne. Des couples comme celui-ci, il y en a des milliers par an. Ils n'ont que trois jours pour visiter la région, veulent voir le camp ». Auschwitz attire aujourd'hui plus de monde que la splendide Cracovie, dont il est presque devenu le produit d'appel ». Partout en ville, les sollicitations pleuvent. Dès l'aéroport, on vous propose d'y aller directement en taxi. Des tour-opérateurs font le voyage dans la journée trois heures de trajet aller et retour, et deux heures sur place, le tout pour une centaine de zlotys, soit une vingtaine d'euros. La brochure de l'agence Cracow City Tours le propose au même titre que les visites de Nowa Huta, le paradis communiste, la mine de sel Wieliczka, la Cracovie du XVIIIe, un parcours sur les traces de la culture juive » avec un dîner juif typique », ou un itinéraire sur les pas de Jean-Paul II »... Sur la place du marché, centre névralgique de la ville, de nombreuses boutiques proposent des statuettes de Juifs du ghetto, à mi-chemin entre l'hommage attendri et le cliché antisémite tous ont des nez proéminents, et, si beaucoup n'arborent qu'un violon, certains ont un gros sac de monnaie à la main... Auschwitz est le tour le plus demandé, surtout par les étrangers », dit Tomas Stanek, responsable de Cracow City Tours. L'an dernier, le camp a accueilli 1,3 million de visiteurs. Aux abords du camp, le parking est payant, comme les toilettes. Ce jour-là, huit mille touristes vont défiler. Deux cent cinquante gui­des, quatorze langues. La nôtre, Doro­ta, mine revêche, fait trois visites par jour. Deux heures, dont quatre-vingt-dix minutes dans le camp de travail d'Auschwitz et une demi-heure seulement dans le camp d'extermination de Birkenau, rejoint en navette. Le groupe s'ébranle. Un couple avec un bébé est le premier à sortir son appareil photo devant le panneau Arbeit macht frei » Le travail rend libre ». Il faut régulièrement atten­dre ou se pousser pour laisser passer d'autres groupes. Certains guides ont un parapluie ouvert pour ne pas perdre leurs troupes. L'émotion s'exprime peu, comme corsetée par la foule. A la troisième salle, ils sont cinq à décrocher. Il y a trop de mon­de pour ressentir quoi que ce soit, explique un Français. On ne voyait pas ça comme ça. » Dans le fond, la guide ne nous apprend rien. On le sait, tout ça. Et puis c'est trop long », poursuit son épouse avant de lui emboîter le pas. Un Français trentenaire, qui se dit d'origine kurde, entretient en expert ses voisins de divers génoci­des l'arménien, l'algérien, le rwandais... A Cracovie, pour une vingtaine d'euros, des tours-opérateurs font le voyage dans la journée. A Cracovie, on vend des statuettes de juifs du ghetto, sans craindre la caricature. Inévitable ? Sans doute aussi. Il n'y a pas vraiment, chez les intellectuels qui travaillent autour du génocide, de débat moral sur le fait d'avoir transformé Auschwitz en lieu de visite. Ces bus de touristes sont la contrepartie d'un travail de mémoire qui est devenu massif et s'incarne ici, explique Jean-Charles Szurek, chercheur au CNRS et auteur de La Pologne, les Juifs et le communisme. Même si ce voyage d'un jour fait en charter depuis une capitale européenne me paraît absurde, un jeune qui est arrivé en rigolant ne repartira peut-être pas sans avoir perçu quelque chose. » Le principe de l'ouverture aux touristes n'est réellement contesté que par des négationnistes comme l'Anglais David Irving, qui a accusé le gouvernement polonais d'avoir fait d'Auschwitz un site dans le style de Disneyland ». Les historiens, eux, s'insurgent plutôt contre la présentation historique qui continue d'être faite sur place On mêle Polonais, Russes, politiques et Juifs, ces derniers ayant été les seuls, avec les Tsiganes, à connaître la "sélection" et l'extermination, explique Marcello Pezzetti, historien italien. On ne va pas aux bunkers 1 et 2, où ont été gazés les Juifs du Vél'd'Hiv. Visiter Auschwitz aujourd'hui, avec ce temps de visite comprimé, ne permet pas de comprendre ce qui s'est passé. Ce n'est pas que les touristes viennent qui est choquant, c'est ce qu'on leur montre... » Cette guerre des mémoires » reste vive Auschwitz reflète autant l'histoire du musée que celle du camp, poursuit Szurek. Depuis le début, c'est le gouvernement polonais qui a pris en charge son entretien. Et cela a été fait dans un but de célébration de la victoire contre le fascisme. Le génocide juif a été occulté, remplacé par une présentation globale où tout déporté, juif ou résistant polonais, était mis sur le même plan. » Le paradoxe touristique est aujourd'hui à son comble. Les baraques de Birkenau menacent de s'écrouler. Les ruines des chambres à gaz ont besoin de soins urgents. Si on ne fait rien, dans quinze ans, tout aura disparu », alerte Piotr Cywinski, le directeur du musée. Pendant des années, des aides ponctuelles, ajoutées aux 4 millions d'euros de ressources pro­pres du site et aux 3 millions d'euros de subventions de l'Etat polonais, ont permis de faire face aux besoins les plus urgents. Cela ne va rapidement plus suffire. L'an dernier, la Fondation Auschwitz-Birkenau a été créée, dont le but est de réunir 120 millions d'euros. Les intérêts de cette somme permettraient de créer des revenus permanents pour entretenir et restaurer le camp. Un plan de préservation à long terme sera alors mis en place. La Tchéquie, la Norvège et la Suède ont déjà versé de l'argent. La France, le Portugal, l'Angleterre, la Belgique et les Etats-Unis ont promis de le faire. L'Allemagne a annoncé que sur cinq ans elle versera la moitié de la somme, soit 60 millions d'euros. A Oswiecim, la ville dont Ausch­witz est le nom germanisé, on suit ces débats d'un œil critique. La ville est grise, désertée par ses jeunes, et quelques maisons peintes en jaune ne suffisent pas à l'égayer. Il y a 16 % de chômage, taux supérieur à la moyenne nationale. Echo d'un antisémitisme encore présent dans le pays, un panneau publicitaire y vante Radio Maryja, la radio ultra­nationaliste du père Rydzyk. Si Auschwitz crée des emplois à Oswiecim la plupart des deux cent cinquante guides du camp en viennent, les touristes s'y arrêtent très peu. Nous n'existons pas, et quand les gens nous voient, même nous qui n'étions pas nés à l'époque, c'est pour se demander “Mais comment ont-ils pu laisser faire ?” » se plaint Mar­gareta Szeroka, une habitante. Voudraient-ils aussi profiter un peu plus de cette manne ? Janusz Marszalek, le maire, personnage très controversé, élu sans étiquette en 2002 et réélu en 2005, alors promoteur, avait obtenu en 1996 la permission de construire à l'entrée du camp un centre commercial de 5 000 mètres carrés. Le tollé international l'a contraint à reculer. Aujourd'hui qu'il dirige la ville, les rapports avec l'administration du musée sont très tendues. Ici, nous sommes à Oswiecim, une ville. Auschwitz, c'est à côté », lance-t-il d'entrée à tout visiteur. Il bloque divers projets, dont l'établissement d'un centre pédagogique dans le bâtiment occupé, entre 1984 et 1993, par des carmélites. Une con­currence touristique s'est mise en place entre les deux lieux, Oswiecim offrant la visite d'un château du XVIIIe restauré en 2008 et le projet d'une stèle dans le centre-ville dédiée à... toutes les victimes de la Shoah ». A Cracovie, en revanche, le succès » du camp a provoqué dans le quartier de Kazimierz un revival » juif étonnant. Un festival de la culture juive y attire beaucoup de monde, nombre de restaurants proposent repas et attractions hébraïques. Tout y a l'air un peu trop joli, un peu trop neuf, et nul ne sait combien de Juifs vivent encore sur place... Anna Gulinska, petite brune de 27 ans, n'est pas juive. Mais elle est tombée amoureuse à l'école, puis à la fac », de la culture juive, a fait des études de yiddish. Chez moi, ça a surpris. » Aujourd'hui, elle est chargée de programmation au Jewish Community Centre. Nous sommes là pour servir la communauté, affirme-t-elle. La Pologne juive n'est pas qu'un grand cimetière. » Et Auschwitz ? On voudrait que les touristes qui reviennent du camp passent par ici. Nous vivons dans son ombre, mais il faut voir au-delà. » Lire aussi la réaction du philosophe Alain Finkielkraut. nazisme seconde guerre mondiale mémoire Auschwitz reportage Partager Contribuer Sur le même thème La carte des morts d’étrangers aux frontières de l’Union européenne, établie par le réseau de chercheurs Migreurop, et publiée une première fois dans le numéro de mars 2004 du Monde diplomatique, est le symbole brutal des effets de la politique migratoire des trente dernières années.. En voici une version actualisée, avec les données de la période janvier Soixante-dix ans après l'ouverture en Alsace du Struthof, le seul camp de concentration nazi en territoire français, une dizaine de survivants témoignent inlassablement de leur calvaire auprès des jeunes générations."On voulait survivre pour raconter ce qu'avaient subi nos camarades. On savait pourquoi on était là, on était des résistants", explique calmement Jean Villeret, 88 ans, qui fut interné de juillet à septembre 1944 au camp du Struthof-Natzweiler, à environ 60 km de Strasbourg, dans une Alsace alors annexée à l'Allemagne hitlérienne."Je suis revenu ici plus de cent fois. A chaque fois, j'ai l'impression de revivre ma jeunesse", explique ce vieil homme dynamique, qui après le Struthof passa près de huit mois à Dachau. Aujourd'hui, il accompagne fréquemment des groupes scolaires sur le site alsacien, désormais doté d'un musée consacré aux horreurs du nazisme. A chaque fois, l'ancien résistant revêt son pyjama de déporté. A chaque fois, il ressent "de la tristesse vis-à-vis de nos camarades qui ne sont plus là".Chaque année, fin juin, les survivants reviennent au Struthof, sur ce coteau verdoyant des Vosges où ils ont connu la faim, le froid, les coups et la présence quotidienne de la mort. Ils participent à une veillée funèbre et à une cérémonie commémorative, en mémoire des personnes, dont 20% de Juifs, qui y furent déportées et des qui y sont morts."Nous nous inclinons sur la tombe de ceux qui n'ont pas de tombe", a déclaré dimanche au nom du gouvernement, lors de cette cérémonie, le ministre des Collectivités territoriales Philippe Richert, par ailleurs président de la région Alsace. "La mémoire, aussi fragile soit-elle, est notre victoire. C'est la victoire sur l'oubli et les forces de la mort", a-t-il dit, soulignant que "votre parole est le meilleur vaccin qui soit contre les assauts sans cesse répétés du négationnisme et du révisionnisme".Pour entretenir ce souvenir, plusieurs rescapés ont prêté cette année leur concours à un projet artistique qui interroge, via des installations vidéo, les liens entre leurs témoignages et le présent. Cette oeuvre-exposition, intitulée "Les yeux mêlés", est à voir sur place jusqu'au 2 octobre."Je suis arrivé ici le 19 novembre 1943, j'étais pieds nus dans la neige, je m'en rappelle encore", se remémore Jean Boudias, qui avait alors 17 ans."On avait faim, on avait froid. On était vivant le matin, on pouvait être mort le soir. Chaque jour était un combat pour survivre", renchérit Jean 40% des prisonniers du camp du Struthof-Natzweiler ont été tués, principalement par les conditions infernales de vie et de travail. Le camp a également été pourvoyeur de plusieurs centaines de cobayes pour les expérimentations que trois médecins de l'université allemande de Strasbourg menaient sur les gaz de combat et le typhus. Un médecin allemand, le Dr Hirth, a aussi fait exécuter dans la petite chambre à gaz du camp 86 Juifs et Juives venus d'Auchwitz, pour se constituer une "collection anatomique".A partir de début septembre 1944, le Struthof est évacué par les nazis environ prisonniers partent pour Dachau, en Bavière. Lorsque les Américains arrivent dans les Vosges, le 23 novembre 1944, ils découvrent des baraques et miradors vides.

Noté/5. Retrouvez Livre Blanc Sur Les Camps De Concentration Sovietiques : (Session Publique Tenue a Bruxelles Du 21 Au 26 Mai 1951) / International Commission Against Concentration Camp Practices et des millions de livres

1 Le pillage des janvier 1939, Adolf Hitler prépare activement la guerre. Il est furieux, car il vient de prendre connaissance d'une note confidentielle, datée du 7 janvier, préparée à son intention par le président du directoire de la Reichsbank, Hjalmar Schacht. Le ton du message est en effet alarmant. Le IIIe Reich, explique Schacht, est au bord de la banqueroute Il n'y a plus de réserves ni de devises à la Reichsbank" Les réserves constituées par l'annexion de l'Autriche et par l'appel aux valeurs étrangères et aux pièces d'or autochtones sont épuisées. Les finances de l'Etat sont au bord de l'effondrement», écrit-il. L'Allemagne qui, quelques mois plus tard, va lancer ses troupes à l'assaut de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, de la Belgique et de la France a les caisses vides. Hitler sait que l'or est le nerf de la guerre moderne. Il permet d'acheter les matériaux stratégiques nécessaires aux forces armées du Reich. Dès le début de la guerre, c'est donc de manière systématique que les nazis organisent le pillage. Les victoires éclairs de la Wehrmacht l'armée allemande en juin 1940 marquent le début d'une chasse au trésor sans précédent. Dans tous les territoires occupés, les services de la Reichsbank, les SS, les Affaires étrangères et les services économiques de divers autres ministères participent au pillage des lingots, des pièces, des bijoux et des devises. Le bras opérationnel de ce gangstérisme d'Etat, ce sont les commandos mobiles, les Devisenschutzkommandos, les commandos de protection des devises». Leur pouvoir est illimité ils fouillent les caisses d'épargne, les banques privées et leurs filiales, collectent l'or des bijoutiers, des joailliers, écument le marché noir, saisissent des biens privés et forcent les coffres de certains clients des résultats sont à la hauteur des espérances des nazis. Pour la seule Belgique, entre novembre et décembre 1940, la curée des commandos de protection des devises» rapporte l'équivalent de 4 320 millions de francs actuels et de 250 millions de devises. Revers de cette efficacité rapidement, le territoire belge n'est plus une source attractive. Le salut pour les nazis vient alors des Pays-Bas. Ils mettent la main sur 100 tonnes d'or de la banque nationale complétés par le butin des commandos de devises, en tout l'équivalent de 5400 millions de francs réactualisés. L'essentiel de ce magot de guerre paie les livraisons d'acier, de tungstène, de pétrole, du wolfram en provenance des pays neutres" Mais le gisement néerlandais s'épuise aussi. L'or de la Banque nationale belge BNB, mis à l'abri en Afrique, devient alors un enjeu central pour les nazis. Le 26 juin 1940, quatre semaines après la capitulation de l'armée belge, le roi Léopold III, prisonnier de la Wehrmacht, demande au Führer de bien vouloir rapatrier l'or belge, qui serait caché à proximité de Bordeaux. Les Allemands interrogent les autorités de Vichy. Avec diligence, la réponse française énumère les réserves d'or déposées à la Banque de France 4 944 caisses qui contiennent effectivement 221, 730 tonnes d'or de la Banque nationale belge, 1 208 caisses, soit 57 tonnes d'or polonais, 10 tonnes d'or luxembourgeois, letton, lituanien, norvégien et tchèque. Tout cet or avait été confié à la Banque centrale française pour le mettre en lieu sûr. Mais Vichy précise que cet or n'est plus à Bordeaux, il est sur le continent africain. En effet, le 18 juin 1940, le même jour où de Gaulle avait lancé son appel à la France libre depuis Londres, vingt-quatre heures après que le maréchal Pétain eut demandé un armistice au IIIe Reich, une escadre d'or, comme au temps des galions espagnols, avait levé l'ancre. Elle était chargée de 288,730 tonnes d'or. Les Etats-Unis étaient la destination prévue, mais les bateaux britanniques ne viendront pas au rendez-vous. Cap est donc mis sur le Sénégal, loin de Hitler et des champs de batailles européens. En France, les autorités pétainistes veulent croire qu'elles tireront profit d'une politique de sacrifice volontaire et de collaboration avec le IIIe Reich. De leur propre initiative, elles proposent à Berlin de servir d'intermédiaire pour récupérer l'or. Après tout, le Sénégal est une colonie française. La réponse allemande claque comme une gifle. Le 12 septembre 1940, Johannes Hemmen, le chef de la délégation allemande chargé de récupérer l'or belge, lance au gouverneur de la Banque de France, Bréat de Boisanger En Belgique, c'est nous qui sommes les maîtres. Nous avons donc tous les droits sur la Banque de Belgique, et c'est à titre de client que je vous demande de mettre notre or en sécurité. Je vous prie de le faire transporter en Belgique, ou tout au moins à Paris.» Cette exigence est contraire au droit international. Mais on n'en est plus là. Les Allemands ont déjà fait main basse sur l'or autrichien après l'Anschluss, puis sur celui de la ville libre de Dantzig. Pour l'or belge, les nazis mettent cependant les formes ils convoquent une conférence le 10 octobre 1940 à Wiesbaden. Le gouverneur de la Banque nationale belge, Janssen est écarté; officiellement, il est subitement tombé malade». C'est von Becker, un commissaire allemand, qui le remplace. Les nazis se font le porteur d'un faux message de Janssen, qui demande le rapatriement de l'or belge. Le droit mis au pas, reste à récupérer l'or pour Hitler. Vichy vient une seconde fois au secours des Allemands. C'est novembre 1940. Pétain décide d'accomplir un geste symbolique de réconciliation» avec le IIIe Reich. Il envoie deux avions chercher quelques tonnes d'or au Sénégal pour les livrer aux nazis. Puis, Vichy ordonne, sans en avertir les gouverneurs des banques centrales, de livrer la totalité de l'or belge aux Allemands. L'opération est en soi risquée seule la voie de terre qui passe par la savane sénégalaise vers le désert saharien offre une sécurité suffisante face aux sous-marins et aux avions alliés. Qu'importe! Les caisses d'or partent pour une invraisemblable odyssée. C'est d'abord Thiès, puis la ville de Kayès à l'intérieur des terres, Bamako sur la rive gauche du Niger, Kukikuru, tête de ligne du chemin de fer et ancienne capitale du Soudan français. Là, les caisses sont transbordées dans des camions légers ou sur des bateaux sur le Niger, mais les inondations bloquent le convoi. Après des mois d'attente, les caisses parviennent à l'oasis de Tombouctou, puis atteignent Gao, la ville sainte des musulmans d'Afrique occidentale. Nouveau transbordement et cette fois, c'est à dos de chameaux ou sur des camions, que les caisses chargées d'or parcourent les 1 700 km de piste jusqu'à Colomb-Béchar, dans le sud algérien, puis par train 1 600 km parviennent jusqu'à Alger. Là, des avions-cargo français, puis des appareils allemands les conduisent à Berlin. En tout, un voyage de dix-huit mois. Le dernier transport atteint la capitale allemande le 26 mai 1942. Impuissants, les Belges protestent. Falsifiés, les lingots sont acheminés en Suisse afin de servir l'effort de guerre L'or des l'été 1942, les camps de concentration et d'extermination livrent leur effroyable butin dents en or arrachées, montures de lunettes en or, alliances, bracelets, chaînes de montres" Selon les déclarations de l'arracheur de dents de Treblinka, deux valises de 8 à 10 kilos sortaient chaque semaine du camp», soit l'équivalent de 2 millions de francs suisses de l'époque, rien que pour ce camp relativement peu rentable. Le Reichsführer Heinrich Himmler suit de très près ces opérations. Ainsi, fin juin 1944, il demande à la direction du camp de concentration de Birkenwald, quelle est la quantité d'or disponible sur-le-champ. Un télex dresse la liste macabre quelques plaquettes d'or, un pendentif de montre et six chaînes, ainsi que des bracelets et des pièces détachées», en tout 4,399 kilos, d'une valeur, au cours officiel, de 10 marks et 85 pfennigs. Himmler ordonne que 3 kilos soient transférés à la Reichsbank immédiatement et que le reste serve ­ à titre exceptionnel ­ à des fins de corruption et de renseignements».A Auschwitz, les dents étaient extraites tout de suite après que les victimes eurent été asphyxiées dans les chambres à gaz et avant que les corps ne soient brûlés dans les fours crématoires. Ce travail était fait par des dentistes de la Sonderkommando section spéciale composée par les prisonniers eux-mêmes, appelés dans le jargon du camp Goldarbeiter. Refondu en lingots, l'or était ensuite envoyé sous escorte à Oranienburg près de Berlin, où se trouvait un bureau de la SS chargé de la gestion des biens, qui le remettait ensuite, ou du moins en grande partie, à la Reichsbank. Shlama Dragon, juif polonais, ancien membre de la Sonderkommando, qui a travaillé dans les chambres à gaz au camp d'Auschwitz et qui a réussi miraculeusement à survivre, raconte Quand le médecin du camp, Joseph Mengele, constatait que les hommes étaient morts, il disait "Es ist schon fertig c'est déjà fini, un SS ouvrait les portes des chambres à gaz, et nous, munis de masques, on enlevait les corps. Dans un couloir, les coiffeurs coupaient les cheveux, dans un autre compartiment, les dentistes enlevaient les dents.»La Banque centrale du Reich réceptionne donc l'or et les devises des juifs, mais aussi celui des adversaires du régime en fuite ou assassinés. Les bijoux à faible teneur en or ainsi que les pierres précieuses sont écoulés sur le marché parallèle des pays neutres ­ surtout en Suisse ­ par des collaborateurs». Ceux-ci encaissent des francs suisses et des dollars utiles pour le commerce extérieur allemand. L'or de meilleure qualité est refondu pour être transformé en lingots, exporté et masqué ainsi de sa véritable origine. Le rapport Eizenstat du nom du sous-secrétaire d'Etat américain au Commerce demandé par Bill Clinton et publié en 1996 note Une partie au moins de l'or vendu à l'étranger avait été arraché aux victimes des camps de concentration ainsi qu'à d'autres civils.» Quand les soldats de la 9e division d'infanterie américaine entrent en Allemagne au printemps 1945, ils mettent la main sur 100 tonnes de lingots d'or cachés par les nazis dans les mines de sel de Merkers, et trouvent en même temps des valises entières de couronnes, de montres, et de bijoux en or volés aux juifs. La Reichsbank avait ouvert un compte intitulé Melmer», du nom d'un responsable SS, sur lequel était déposé l'or volé. Un câble de l'ambassade des Etats-Unis à Paris informe début 1946 le département d'Etat que 8 307 des lingots récupérés à Merkers ont peut-être été fondus à partir de couronnes dentaires récupérées sur des cadavres». Des voix s'élèvent alors pour proposer de procéder à l'analyse de l'or récupéré, celui de Merkers comme celui que la Suisse va restituer conformément à l'accord de Washington, afin de déterminer ce qui provient des banques centrales européennes, et ce qui provient des victimes de l'Holocauste. Mais la proposition est écartée. Nous ne savions pas qu'on pouvait déterminer si cet or provenait de dents, de bracelets ou d'autres sources», a expliqué dans une interview au Los Angeles Times Seymour Rubin, un diplomate américain à la retraite d'origine juive, qui avait négocié avec les Suisses en 1945/ le rapport Eizenstat constate Il existe des preuves indiscutables que l'or volé par les nazis à des civils et à des victimes des camps était systématiquement reçu, classé, vendu, nanti, déposé ou converti et fondu par la Reichsbank en lingots d'or, puis placé dans les réserves d'or monétaires de cette dernière au côté de l'or volé ailleurs en Europe.» Fondu, l'or SS était impossible à distinguer des lingots d'or volé dans les différentes banques centrales des pays d'Europe occupés par les nazis. Ainsi, l'analyse d'une opération de fonte de florins néerlandais volés, effectuée en 1943, par l'hôtel des Monnaies prussien, indique que 37 kilos d'or fin provenant de pillages SS avaient été ajoutés pendant l'opération. En l'espèce, cet or fut vendu presque en totalité à la Allemagne, en tout cas, les archives de la Reichsbank sur l'or nazi en provenance des camps ont mystérieusement disparu. Hersch Fischler, un historien, a découvert début 1997, aux archives fédérales allemandes de Coblence, qu'en 1948, les Américains ont remis à la Bank Deutscher Länder prédécesseur de l'actuelle Bundesbank les archives de la Reichsbank concernant l'or nazi. Il a mis la main sur un document indiquant que des archives, comprenant 25 chemises relatives aux livraisons d'or venant des camps, ont été données à la Bank Deutscher Länder. Or, aujourd'hui, la Bundesbank, héritière de la Bank Deutscher Länder et installée dans le même bâtiment affirme ne pas avoir lesdits La machine à blanchir pillage massif et systématique de l'or dans les pays occupés et des victimes du nazisme n'était pas une opération laissée au hasard elle était essentielle au financement de la machine de guerre allemande" Parmi les pays neutres, la Suisse fut le principal banquier et intermédiaire financier des nazis», commente le rapport Eizenstat. La Suisse a-t-elle été le receleur de Hitler et de sa politique de pillage systématique? Et si tel est le cas, la politique de collaboration économique de la Suisse a-t-elle prolongé la guerre et occasionné des victimes supplémentaires? C'est, résumé à grands traits, la perspective américaine dès 1944, qu'a repris le rapport Eizenstat. Le gouvernement suisse rejette toujours ces accusations qu'il estime infondées. Si les interprétations divergent, les faits, eux, ne sont pas contestables. Depuis mai 1940 et la défaite de la France, la Suisse, encerclée par les forces de l'Axe, est dans une position difficile. Elle craint d'être à son tour avalée par la Wehrmacht. Elle mobilise ses soldats, mais son plus grand atout dissuasif, tient à son rôle de plaque tournante et à l'importance du franc suisse demeuré la seule devise convertible durant toute la guerre. Ce point est capital. La machine de guerre allemande a désespérément besoin des pays neutres la Suède lui fournit le fer et les roulements à bille. Le Portugal livre plusieurs ressources minérales indispensables, dont le tungstène, un additif utilisé dans la production d'acier et nécessaire à la construction d'armes de qualité lire page VIII. L'Espagne maintient un commerce actif de biens de matières premières. La Turquie fournit le chrome. Ces pays n'acceptent pas le reichsmark en paiement. Les nazis doivent régler en or ou en devises négociables sur le marché, au mieux en francs suisses. Mais après la défaite allemande de Stalingrad, plusieurs pays neutres s'interrogent s'il est encore souhaitable d'accepter de l'or allemand» douteux. N'est-ce pas plus sage de refuser cet or, pour s'épargner des difficultés politiques dans l'après-guerre? Bientôt, l'Espagne et le Portugal ne veulent plus d'or allemand». Le rôle de la Suisse devient alors capital. Walther Funk, président de la Reichsbank constate La Suisse est le seul pays où d'importantes quantités d'or peuvent encore être changées en devises.» En juin 1943, il écrit même que l'Allemagne ne peut se passer de l'aide suisse pour l'échange de l'or, ne fût-ce que deux mois». Dans un rapport confidentiel de trois pages daté d'octobre 1942, Paul Rossy, vice-président de la BNS Banque nationale suisse, tire les conclusions Le Portugal n'accepte plus l'or de la Reichsbank en paiement, en partie pour des raisons politiques, sans doute aussi, pour des raisons juridiques.» Il ajoute De telles objections tombent si l'or passe entre nos mains. Nous devrions y réfléchir.» Comme le dit Werner Rings qui a été écrit l'ouvrage le plus documenté sur la question 1, Rossy a une idée de prestidigitateur» transformer de l'or allemand en or suisse. Une parfaite opération de blanchiment qui se concrétise par des opérations triangulaires Hitler livre contre des francs suisses de l'or volé, puis paie avec ces devises, les matières premières stratégiques en provenance de Turquie, du Portugal, d'Espagne" Ces pays vendent ensuite leurs francs suisses contre de l'or porteur d'un certificat d'origine suisse. Ils se voient ainsi délivrés de toute critique alliée ils peuvent prétendre n'avoir fait qu'acheter de l'or à la Suisse. Ils sont blanchis» le tour de passe-passe a réussi. Lorsque, en 1943, les Alliés mettent en garde les neutres contre le fait d'accepter l'or du Reich, il est trop tard 756 millions de francs suisses d'or allemand» dont 411 millions d'or belge ont déjà pris le chemin de Berne. Pour toute la durée de la guerre, 1,7 milliard de francs suisses passent par la Suisse. Les deux tiers de l'or vendu ont été illégalement acquis, pillés essentiellement à la Belgique et aux Pays-Bas. De facto, sans bruit, en pleine guerre, la Suisse détient le monopole du marché de l'or. Les chambres fortes de la BNS en sont l'épicentre. Le génie» du marché triangulaire imaginé par Paul Rossy fait que des opérations de vente de produits stratégiques ne se concrétisent financièrement que par des déplacements de quelques mètres dans les caves de la marché est indétectable en surface. Il suffit aux employés de la BNS de transvaser de l'or d'un dépôt à un autre, sans même changer de salle. Tout l'or est en effet entreposé dans une pièce de 120 mètres carrés, 39 000 lingots de 12,5 kilos sont soigneusement disposés sur des étagères, 48 tonnes en tout. Le gouvernement suisse a donné sa bénédiction. Une note confidentielle des Affaires étrangères de mai 1944 constate avec une franchise surprenante Les paiements allemands à la Suède s'effectuent généralement par de l'or à Berne où les lingots sont poinçonnés à son chiffre" Evidemment, le public n'en sait rien et la Suède n'est pas mentionnée dans les articles de presse comme un acheteur de l'or volé ou pillé. La Suisse lui sert, en somme, de paravent et de sauvegarde.».4 Le règlement de l' 1943, les Alliés commencent à faire pression sur les neutres pour refuser l'or des nazis. En 1944, Américains et Britanniques déclarent que les transactions sont illégales et qu'elles ne seront pas reconnues dans l'après-guerre. Lorsque les Alliés sentent que la victoire a changé de camp, Washington lance le coup d'envoi de l'opération Safehaven» ainsi appelée parce qu'il s'agit d'éviter que les avoirs nazis volés trouvent un refuge sûr» confiée à des agents des services secrets de l'OSS, l'ancêtre de la CIA. L'objectif est triple il s'agit de bloquer le transfert d'avoirs allemands vers la Suisse et les neutres, de récupérer l'or volé et de prévenir toute renaissance ultérieure du nazisme, en évitant que le IIIe Reich ne déplace ses ressources hors d'Allemagne. En janvier 1945, le président Roosevelt écrit à son homologue suisse, von Steiger Ce serait une chose terrible pour la conscience, pour tout Suisse aimant la liberté, de se rendre compte que son pays a freiné les efforts d'autres pays aimant la liberté pour débarrasser le monde d'un infâme tyran" Je m'exprime en ces termes parce que chaque jour où la guerre se prolonge coûte la vie à un certain nombre de mes compatriotes.»Churchill est tout aussi clair. Mais la BNS et les banques privées suisses continuent de travailler jusqu'à la fin de la guerre avec les nazis. Survient la paix. Les Alliés exigent que la Suisse restitue l'or volé. Les négociateurs alliés estiment qu'entre 200 et 398 millions de dollars-or volés sont en Suisse à la fin de la guerre environ 9 et 18 milliards de francs d'aujourd'hui. C'est une négociation homérique qui s'engage au début 1946 à Washington. Pendant soixante-huit jours, les Suisses inventent mille prétextes, font preuve d'un juridisme sans limite, épuisent leurs négociateurs. A la veille de la conférence, ils nient même avoir reçu de l'or volé pendant la guerre. Pendant la conférence, ils s'en tiennent à une lecture restrictive du droit international et des lois suisses. Les Américains veulent boucler la négociation rapidement pour donner la priorité à la reconstruction de l'Europe. Les Britanniques ne veulent pas que ces discussions s'éternisent. Selon un mémo du 22 janvier 1946 de la British Embassy à Washington, les gouvernements neutres sont moralement et économiquement dans une position beaucoup plus forte pour résister à des sanctions qu'ils ne l'étaient durant les hostilités. De plus, les Alliés ne peuvent imposer les mêmes pressions morales et économiques». La guerre froide commence. En réalité, reconnaît le rapport Eizenstat, l'objectif principal des Alliés» dans l'immédiat après-guerre, ndlr était la sécurité en Europe». Il fallait éviter que l'or ne soit récupéré par les nazis en fuite, consolider le front antisoviétique, et remettre sur pied une Allemagne de l'Ouest démocratique. Il n'était pas question de se mettre les neutres» à dos pour dédommager les l'inflexibilité suisse, les Alliés réduisent alors leurs prétentions à 130 millions de dollars soit dix fois plus au cours actuel, puis à 88 millions, montant de l'or volé en Belgique que les Suisses reconnurent ils paient 58 millions de dollars en 1946 pour solde de tout compte» environ 3 milliards de francs d'aujourd'hui, concernant toutes les prétentions éventuelles sur les transactions entre la Suisse et la Reichsbank. Avec un culot sans limite, les négociateurs suisses ont fait inclure dans le préambule, que la Confédération ne jugeait pas fondée en droit la restitution de l'or», mais que le gouvernement suisse était désireux de contribuer à la pacification et à la reconstruction de l'Europe, y compris le ravitaillement des contrées dévastées» !. Le 25 mai 1946, l'accord de Washington est signé. Les Américains lèvent le blocage qu'ils avaient imposé sur 5 milliards de francs suisses de l'époque qui se trouvaient sur leur territoire et déchirent la liste noire d'entreprises suisses qui commerçaient avec les nazis. La Suisse vient de réussir son entrée dans le système économique de l'après-guerre. En septembre 1946, la commission tripartite est établie pour examiner les demandes des gouvernements ­ et non des personnes privées ­ en vue de la restitution de l'or monétaire volé. Composé de représentants des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne, le mandat de cet organisme est de s'assurer que chaque pays demandeur obtienne restitution ­ par l'intermédiaire du Gold Pool mis sur pied par ses soins ­, en proportion de ce que les Allemands avaient volé. Une dizaine de pays émettent des revendications l'Albanie, l'Autriche, la Belgique, la Tchécoslovaquie, la Grèce, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. LIVREBLANC SUR LES CAMPS DE CONCENTRATION SOVIETIQUES - COMMISSION INTERNATIONALE CONTRE LE REGIME CONCENTRATIONNAIRE. COLLECTIF. Edité par LE PAVOIS, 1951. Etat : bon Couverture souple. Mettre de côté . Vendeur Le-Livre (SABLONS, France) Vendeur AbeBooks depuis 4 décembre 2003 Evaluation du vendeur. Membre Après la défaite allemande de la bataille de Moscou en décembre 1941 et l'entrée en guerre des États-Unis le 11 décembre 1941, les autorités allemandes comprirent que la guerre serait longue. Pour faire face à la pénurie aiguë de main-d'œuvre et à la nécessité de produire des armes, des machines, des avions et des bateaux pour remplacer les pertes allemandes, la SS créa davantage d'entreprises et signa des contrats avec des entreprises publiques et privées pour produire des biens et fournir de la main d'œuvre aux industries liées au secteur de l'armement. Un exemple bien connu de coopération entre la SS et le secteur privé est celui de la société Farben qui installa une usine de caoutchouc synthétique à Auschwitz III Buna-Monowitz. AU SERVICE DE L'EFFORT DE GUERRE ALLEMAND L'incarcération d'un nombre croissant de personnes dans les camps de concentration permis de maintenir une main d'œuvre abondante, même si la brutalité à l'intérieur des camps réduisait le nombre de travailleurs disponibles. Les chambres à gaz, ainsi que d'autres moyens, permettaient "d'éradiquer" les prisonniers qui n'étaient plus en mesure de travailler. Des centaines de sous-camps furent créées pour chaque camp de concentration entre 1942 et 1944. Ces sous-camps étaient situés près des usines, ou près des lieux d'extraction de matières premières. Ainsi Wiener Neudorf, un camp annexe de Mauthausen créé en 1943, était situé près d'une usine d'aviation à l'est de Vienne; Sosnowitz, un camp satellite d'Auschwitz III Buna-Monowitz, fut établi près d'une mine de charbon ; dans des usines souterraines à Dora-Mittelbau, les prisonniers produisaient des missiles dans des conditions épouvantables. Les autorités centrales SS tentèrent de convaincre les commandants des camps de maintenir en vie les prisonniers dans le seul but de servir l'effort de guerre. Peu de responsables prirent ces instructions au sérieux et aucun ne se soucia de changer la culture meurtrière des camps. EVACUATIONS ET EXPERIENCES MEDICALES Pendant la dernière année de la guerre, alors que les forces allemandes étaient repoussées à l'intérieur desFs frontières du Reich, les populations des camps de concentration juives et non-juives subirent des pertes catastrophiques à cause de la famine, du froid, des maladies et des mauvais traitements. Les nazis, qui ne voulaient pas que les prisonniers soient libérés par les Alliés, les firent évacuer des camps de concentration. Surveillés par des gardiens SS, ils furent évacués par marches forcées également appelées marches de la mort dans le froid hivernal, sans nourriture, abri ou vêtements appropriés. Les gardiens SS avaient pour instruction de tirer sur tous ceux qui ne pouvaient plus avancer. D'autres prisonniers furent évacués par camions ouverts ainsi livrés au froid mortel de l'hiver. Durant cette période, les camps de concentration servirent de cadre à d'effroyables expériences médicales, souvent mortelles, exercées sur les prisonniers sans leur consentement. A Dachau, par exemple, des scientifiques allemands menèrent des expériences sur des détenus pour déterminer le temps de survie d'un homme en cas de réduction de la pression de l'air ou dans de l'eau glacée. Le but était d'améliorer les connaissances sur la survie en altitude pour l'aviation allemande. A Sachsenhausen, diverses expériences furent conduites sur des prisonniers pour trouver des vaccins contre des maladies contagieuses mortelles. A Auschwitz III, le médecin SS Josef Mengele mena des expériences sur des jumeaux afin de trouver un moyen d'accroître la population allemande en sélectionnant des couples qui donneraient naissance à des jumeaux. Ces expériences criminelles et meurtrières étaient pour la plupart fondées sur des doctrines pseudo-scientifiques et sur des fantasmes racistes. LIBERATION En 1944-1945, les armées alliées libérèrent les camps de concentration. Le taux de mortalité dans les camps resta très élevé pendant les semaines qui suivirent la libération car de nombreux détenus étaient trop affaiblis pour survivre. Selon les rapports de la SS, il restait plus de 700 000 détenus dans les camps en janvier 1945. Selon les estimations, la moitié des décès survenus entre 1933 et 1945 eurent lieu durant la dernière année de la guerre. Lecamp servit aussi de lieu d'exécution de 107 résistants. Ce taux de mortalité de 40% le place «parmi les plus meurtriers du système Il faudrait lutter contre l'oubli, témoigner le plus possible, évoquer cette naissance dans un camp de concentration nazi, la survie dans la honte. Mais comment raconter qu'on a été "mise au monde à côté d'un monceau de cadavres ?", demande Florence Schulmann."J'aurais trop peur de ne pas être crue", explique dans son appartement parisien cette Française aux beaux yeux verts. C'est à des journalistes de l'AFP que cette commerçante à la retraite a confié l'un de ses rares témoignages sur son destin hors du derniers mois, pour marquer le 75e anniversaire de la Libération, l'AFP a recueilli la parole de trois survivants de la Seconde Guerre mondiale partageant la même histoire méconnue comme Florence Schulmann, Hana Berger Moran et Mark Olsky ont vu le jour dans l'enfer concentrationnaire et ils seront demain parmi les derniers survivants de la porte un regard différent sur sa vie. Contrairement à Florence, Hana Berger Moran l'Américaine, dont les lunettes prune mangent le visage, écume les écoles "pour justifier sa raison d'être" en responsable qualité dans une société de biotechnologies, cette douce et dynamique grand-mère habite maintenant à Orinda, en charismatique Mark Olsky à la carrure d'ancien joueur de foot américain s'étonne encore "d'avoir eu une meilleure existence que la plupart des gens" grâce aux efforts déployés par sa mère après le drame de la guerre et de sa venue au a reconstruit sa vie aux États-Unis, médecin urgentiste à la retraite, il réside près de par le calendrierIls sont nés au printemps 1945 alors que leurs mères avaient été déportées enceintes. Celles de Florence et de Mark étaient Polonaises, celle de Hana pousse son premier cri le 24 mars à Bergen Belsen et Hana le 12 avril à Freiberg, deux camps de travail distants de moins de 400 kilomètres, en ne connaîtra jamais la date exacte de sa venue au monde, entre le 18 et le 21 avril, dans un train à bestiaux roulant depuis le camp de Freiberg vers celui de Mauthausen, aujourd'hui en bébés de hasard, trois lueurs dans les cendres des six millions de Juifs victimes de la Shoah. Florence, Hana et Mark, 75 ans, posent aujourd'hui sur l'existence un regard grave et intelligent, forgé dans l'adversité totale. Ils ont vingt ans de moins que la plupart des principale raison de leur survie ? Le calendrier. Depuis l'été 1944, les troupes soviétiques avancent et libèrent un à un les camps de concentration. L'Armée rouge délivre Auschwitz fin janvier les autres camps, entre panique et désorganisation, l'encadrement nazi sait que les alliés sont proches. Beaucoup retournent leur Bergen Belsen, quand elle perd les eaux, la mère de Florence Schulmann fait preuve d'audace en réclamant un lange à une gardienne."Elle s'est dit qu'on allait lui tirer une balle dans la tête et que ce serait terminé. Mais cette femme a ouvert tranquillement son sac. Elle lui a tendu un paquet de cigarettes. Elle lui a dit qu'avec ça, elle aurait ce qu'elle voulait dans le camp."A Freiberg, "quand elles ont découvert que ma mère arrivait à terme, les gardiennes lui ont apporté une bassine remplie d'eau chaude", raconte Hana Berger Moran, perles discrètes et châle autour du cou."Je suis née sur une table, dans l'usine d'aviation où ma mère travaillait, devant tout le monde. Je ne pesais qu'un kilo et six cent grammes. Ma mère en faisait trente-cinq".Deux jours après l'accouchement, le nourrisson et sa maman sont évacués vers Mauthausen par le rail. C'est là-bas que la naissance de Hana est bord du train où elles se trouvent, les Allemands entassent au moins femmes. Une fois à destination, ils pensent pouvoir les tuer sans laisser de trace."Femmes-squelettes enceintes"Le convoi roule du 14 au 29 avril. Beaucoup de déportées accouchent pendant le voyage. Épouvanté, le chef d'une gare de transit a décrit aux historiens, qui ont archivé son témoignage, sa vision dantesque de "femmes-squelettes" employé fournit des vêtements à trois bébés qui viennent de naître durant le périple et de la nourriture à leurs mères. Parmi ces nouveaux-nés arrivés par train, il y a Mark Olsky."A Mauthausen, ma mère a déclaré que j'étais né le 20 avril, même si elle ne savait pas la date exacte de l'accouchement. C'est le jour de la naissance d'Hitler. Elle a pensé que cela attendrirait les SS", libérant Bergen Belsen, le 15 avril, et Mauthausen, le 5 mai, les Alliés découvrent effarés des bébés rachitiques, enroulés dans du papier journal, tétant des poitrines choient Florence, Hana, Mark et d'autres, ces petits symboles remuants d'une victoire sur l'horreur."J'avais honte"Les nouveaux-nés étaient sauvés mais comment allaient-ils se construire après avoir fait leurs premiers babillements dans la crasse d'un baraquement surpeuplé, auprès de parents encombrés de leurs propres traumatismes ?"Toute ma vie, nuit et jour, j'ai vécu avec la Shoah", livre Florence Schulmann, le dos vouté, en fouillant dans sa malle à souvenirs où sont consignés photos et documents décrit une enfance pesante. "A la maison, l'ambiance était mortifère, mes parents ruminaient. On me maintenait dans un cocon. Dès que je toussais, on courait chez le médecin", la déportation, son père et sa mère avaient survécu aux atrocités perpétrées dans le ghetto de Lodz en Pologne. Leur fils leur avait été arraché des bras, envoyé en chambre à gaz. Il avait trois ans."Mon enfance a été suffocante, j'avais honte. On me disait +elle a fait quoi ta mère, pour que vous surviviez ?", raconte-t-elle en jetant de temps à autre un oeil sur I24, la chaîne d'information internationale israélienne diffusée en elle rend visite à une amie de sa mère à Tel Aviv. "Cette femme a ouvert la fenêtre et a rameuté tous les habitants du quartier. Il y avait la queue sur quatre étages. On venait toucher la miraculée."Florence et Hana ressentent durement le poids de leur secret en grandissant. Mark se sent bien entouré mais garde l'impression d'être "unique au monde" avec son suppliciésUne solitude d'autant plus forte que le sujet des bébés des camps reste peu étudié par les historiens."Les recherches sont rudimentaires", commente Diana Gring, chargée de la documentation à Bergen Belsen, où environs 200 naissances sont répertoriées. Destruction des registres, disparition des corps selon elle, "on ne sait pas combien d'enfants au total sont nés dans l'ensemble des camps".Le journaliste Alwin Meyer, qui a consacré un livre aux bébés d'Auschwitz, en évoque "des milliers". Après la guerre, deux sages-femmes déportées revenues de cette apocalypse décrivent dans des ouvrages les sévices et les infanticides généralisés qu'elles tentaient - en vain le plus souvent - d' déportées tombées enceintes affirment avoir dû parapher un formulaire autorisant le troisième Reich à tuer leur enfant après la naissance, selon l'anthropologue Staci Jill Rosenthal, rare universitaire à s'être penchée sur le sait que quelques poupons dont les caractéristiques physiques correspondaient aux critères racistes aryens ont été sortis des camps et adoptés par des familles allemandes. D'autres ont servi de monnaie d'échange contre des prisonniers nazis détenus à l'Ouest ou dans des pays la plupart sont morts, certains après avoir servi aux expérimentations du médecin nazi Josef Mengele. Une rescapée a raconté au documentariste français Claude Lanzmann comment l'officier lui a bandé les seins pour voir combien de temps sa petite fille pouvait survivre sans lait. Tous les jours, il venait assister au supplice, puis à l' la vieQuand on revient de là... "Mes parents sont sortis des ténèbres totalement traumatisés, ils ne les évoquaient jamais", narre Florence père de Hana Berger Moran n'a pas survécu et, devenue veuve, sa mère retourne vivre à Bratislava. "On n'en parlait pas, c'était impossible, la Tchécoslovaquie était communiste". Dans les années 60, une fois adulte, Hana émigre en Israël, puis aux la libération des camps, Mark Olsky et sa mère restent quatre ans en Allemagne, le seul pays qui ne les ait "pas refusés", avant de s'installer, comme Hana, en Israël en 1959 puis aux mère ne voit pas non plus revenir son mari. "Elle a tout fait pour que j'aie l'enfance la plus normale possible", dépasser la douleur ? Hana Berger Moran marque une pause. "Il faut rire", dit-elle. "C'est la meilleure revanche. Je sais que ça choque parfois les gens quand je dis ça mais je m'amuse, je savoure la vie. Sinon, je me dis qu'ils ont gagné".Et pourtant, les trois survivants observent avec anxiété la montée de l'antisémitisme dans leurs pays. La détestation des Juifs progresse, selon un rapport publié en mai par le Congrès juif européen. "Je tenais la sécurité pour acquise or elle n'est plus certaine", s'inquiète Mark sondage Schoen Consulting publié en janvier révèle que 69 % des Français âgés de moins de 38 ans ignorent le nombre de Juifs tués durant la Rivlin, le président israélien veut que le monde "réfléchisse à la manière de transmettre le souvenir de l'Holocauste aux générations qui vivront sur une planète sans survivants"."Il n'y a rien de plus fort que d'entendre ces derniers expliquer eux-mêmes ce par quoi ils sont passés", selon Bernhard Mühleder, chargé des contenus pédagogiques au musée de l'oubliCombattants contre l'oubli, les anciens "bébés des camps" ont enregistré leur récit en vidéo. Même Florence Schulmann, qui a eu tant de mal à en parler à sa fille et à ses petits-enfants, s'est résolue à le faire très récemment, "pour pas que des historiens puissent contester ma version", lâche-t-elle en rangeant les clichés dans sa une visite effectuée il y a quelques années à Bergen Belsen, on lui a remis son acte de naissance établi par les autorités allemandes du camp, "un cadeau inestimable" à ses robe minuscule, cousue pour Hana dans les premiers jours de sa vie par des co-détenues de sa mère avec des lambeaux de chiffons est exposée au mémorial de Mauthausen. Cette pièce touche particulièrement les groupes de collégiens en visite Berger Moran et Mark Olsky ne seront pas en Autriche, comme ils l'avaient prévu, pour participer le 10 mai à la cérémonie commémorant les 75 ans de la libération du camp de la première fois depuis 1946, le rendez-vous annuel n'aura pas lieu, à cause de la pandémie de coronavirus. Il sera remplacé par une cérémonie virtuelle, comme un signe que les temps changent. Les enfants et les petits-enfants de Florence, Mark et Hana - interviewés avant la crise sanitaire - se préparent à prendre le relais."Bientôt, il n'y aura plus aucun d'entre nous sur terre donc on a plutôt intérêt à bien faire passer le message", souffle 113131 - Paris/New York France AFP - © 2020 AFP
GetAccess Livre Blanc Sur Les Camps De Concentration SoviaPDF and Download Livre Blanc Sur Les Camps De Concentration Sovia PDF for Free. Alabama Camps Georgia Camps Louisiana CampsUniversity Louisiana Lafayette: Upward Bound Math & Science (TRIO) Crystal Vallier Cvallier@ Broussard Connie@louisiana.edu Shauna Landry
Relativement méconnu, le camp installé en Alsace annexée, fut l'un des plus meurtriers de l'univers concentrationnaire nazi. Des recherches sont en cours afin de mieux en comprendre le granit rose était convoité par Albert Speer, l'architecte d'Hitler, et ses vestiges sont aujourd'hui exhumés la carrière du Struthof Bas-Rhin, lieu de travail forcé de milliers de déportés, fait l'objet de fouilles inédites, 80 ans après l'ouverture du seul camp de concentration nazi situé en territoire français. Relativement méconnu, il fut l'un des plus meurtriers.Cette partie du Struthof avait été un peu délaissée, alors que la carrière a précédé la construction du camp», relève Juliette Brangé, responsable du chantier de fouilles, tout en parcourant la vaste terrasse artificielle à flanc de montagne. N'y subsistent que neuf bâtiments ou ce qu'il reste de leurs fondations, sur la vingtaine construits sous la férule des nazis. Pour se représenter le lieu tel qu'il était à l'époque, cerné de miradors, on a moins d'une dizaine de photographies d'archives, c'est peu», regrette la jeune partir de mai 1941, sur ce promontoire situé à 800 mètres d'altitude, des milliers de prisonniers se sont succédés pour extraire la pierre, destinée à l'origine aux grandes constructions du Reich. Les premiers ont également dû bâtir eux-mêmes le camp de concentration de Natzweiler-Struthof, situé 500 mètres plus au nord, et les routes qui y VOIR AUSSI - 80 ans de la rafle du Vél' d'Hiv Notre pays doit regarder son histoire en face», déclare Élisabeth BorneCobayes humainsPendant la guerre, déportés, vingt ans en moyenne, venus de toute l'Europe passeront par le Struthof construit dans l'Alsace annexée, en comptant la nébuleuse de camps satellites de part et d'autre du Rhin. Il s'agissait principalement de résistants et de prisonniers politiques mais aussi des déportés juifs ou tziganes, d'homosexuels et de Témoins de Jéhovah y plupart sont morts d'épuisement, de traitements inhumains ou de faim, d'autres ont été victimes de sinistres expérimentations pseudo-médicales. En effet, plusieurs centaines de déportés y ont servi de cobayes humains pour des expérimentations sur les gaz de combat et le typhus. Le professeur d'anatomie allemand August Hirt a également fait exécuter dans la petite chambre à gaz du camp, 86 juifs et juives venus spécialement d'Auschwitz, pour se constituer une collection anatomique» de la nouvelle race judéo-bolchevique». Leurs corps, placés dans des cuves à formol jusqu'à la fin de la guerre, ont été récemment camp servit aussi de lieu d'exécution de 107 résistants. Ce taux de mortalité de 40% le place parmi les plus meurtriers du système nazi, hors camp d'extermination bien sûr, à égalité avec Bergen-Belsenet Sachsenhausen, beaucoup plus que Buchenwaldet Dachau», selon l'historien Robert Steegmann, auteur d'un ouvrage de référence sur le fouilles doivent permettre de mieux comprendre la nature du travail forcé qui n'avait pas du tout été étudié», selon Juliette Brangé.Espace industriel»En 1943, au tournant du conflit, la carrière se transforme en espace industriel», explique-t-elle. Des moteurs d'avions allemands Junkers y sont démontés dans des halles, les pièces détachées étant réintroduites dans l'industrie pour soutenir la machine de guerre nazie. Limes, outils à métaux ainsi qu'une forge pour démonter les pièces de moteurs... Les premiers objets découverts par les fouilles en témoignent, confirmant qu'il ne s'agissait pas seulement d'extraire du granit. On peut parler de travail qualifié», observe l'archéologue.Là, c'est vraiment le premier élément qui est intéressant», sourit soudain, ému, Clément Schermann, truelle dans une main, tout en montrant avec l'autre un triangle en aluminium d'à peine cinq centimètres, découvert quelques instants auparavant au pied d'un bâtiment qu'une couche d'humus avait partiellement englouti. Au centre, vous avez le petit bonhomme qui symbolise la firme Junkers, les bras écartés», figurant une hélice, reprend l'étudiant en licence d'archéologie à l'Université de Strasbourg pour décrire sa trouvaille, une plaque probablement accrochée à un moteur d' carrière était gérée par la DEST, la société allemande de travaux de terrassement et de carrière, une entreprise appartenant à la SS, le camp lui facturant cette main-d’œuvre gratuite. Les registres de la DEST révèlent que plus de personnes se relayaient chaque jour à la carrière. Les déportés travaillaient 60 heures par semaine, dès 6h30 le matin en hiver, et n'étaient nourris qu'avec calories par jour quand il en faut trois fois plus pour un travailleur de force», complète Guillaume d'Andlau, directeur du Centre européen du résistant déporté-Struthof CERD, le mémorial de l'ancien camp de concentration qui accueille visiteurs chaque année.Lieu de terreur»Pas moins de 31 nationalités sont passées par le Struthof, mais selon Michaël Landolt, archéologue pour la direction régionale des affaires culturelles DRAC Grand Est, qui finance le chantier, la plupart des travailleurs forcés étaient des Polonais ou des Soviétiques. Il y avait peu de Français, pour éviter qu'ils ne communiquent avec certains civils de la vallée de la Bruche qui venaient travailler à la carrière, sans doute pour des travaux de taille», détaille-t-il encore, à proximité d'une dalle qui vient de révéler des branchements électriques d'époque, aux fils ses côtés, une dizaine d'étudiants bénévoles participent aux fouilles qui doivent se répéter chaque mois d'août jusqu'en 2024. Des descendants de déportés ont également pris part à l'important travail de débroussaillage préalable, comme Alain Salomon, administrateur de l'amicale Natzweiler-Struthof, histoire et mémoire, dont le père Robert est passé par le Struthof. Quelques mois avant sa disparition en 2015, l'ancien résistant avait décrit dans un discours vibrant un haut lieu de terreur, de pleurs, de douleurs, de travail exténuant par tous les temps. Face à l'insupportable négationnisme, il est important de faire remonter cette réalité à la surface», commente aujourd'hui son fils à propos de cet endroit où la nature avait repris ses Struthof sera le premier camp de concentration découvert par les Alliés dans leur avancée vers l'Ouest, en novembre 1944. Mais lorsque les Américains arrivent devant la double rangée de barbelés et le portail monumental, les 17 baraques et les miradors sont vides. Les nazis ont évacué vers Dachau les quelque 5500 prisonniers du camp. Et les kommandos camps de travail de la rive droite du Rhin restent en activité. Jusqu'à leur libération, en avril 1945.On n'avait pas les moyens de mettre [ce lieu] en valeur», concède André Woock, 62 ans, maire de la petite commune rurale de Natzwiller située en contrebas, qui a récupéré la propriété de la carrière après-guerre. Et puis pour les anciens d'ici, cette histoire était encore compliquée», ajoute l' VOIR AUSSI - 80 ans de la rafle du Vél d'Hiv Nous n'en avons pas fini avec l'antisémitisme», affirme Emmanuel Macron
Lesjurassiens dans les camps de concentration aux éditions FeniXX réédition numérique (Éditions Marque-Maillard). Cet ouvrage est une réédition numérique d’un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d’origine.

Les fonds d’archives en ligne sur les persécutions nazies Des 30 millions de documents originaux, quels sont ceux déjà disponibles en ligne ? Il s’agit en premier lieu de ceux qui présentent un intérêt public particulier, comme les documents provenant des camps de concentration et des ghettos. Un deuxième critère de mise à disposition tient compte du degré de préparation des documents et de la mesure dans laquelle ils sont consultables. Il est par exemple possible d’accéder aux documents concernant les marches de la mort grâce à une fonction de recherche cartographique qui s’avère utile, entre autres, pour les projets locaux, pédagogiques ou commémoratifs. Les principaux thèmes des archives en ligne sont Les personnes déplacées un fonds aisément consultable de documents relatifs à la période de l’après-guerre, parmi lesquels, notamment, des questionnaires provenant de l’Organisation internationale pour les réfugiés OIR souvent accompagnés de photographies. Les camps de concentration, les ghettos, et les centres de détention nazis le fonds, constitué de documents personnels de prisonniers, est particulièrement complet pour les camps de concentration de Dachau et de Buchenwald. Parmi les documents figurent également des listes de transport et des listes de prisonniers provenant des différents camps. Les fonds spéciaux ils comportent, par exemple, des photos de tous les effets personnels.

Voirtous les détails. Struthof : Le KL-Natzweiler et ses kommandos : une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin 1941-1945. Robert Steegmann. 4,5 sur 5 étoiles. 13. Broché. 15 offres à partir de 11,32 €. Le Struthof KL-Natzweiler : Histoire d'un camp de concentration en Alsace annexée 1941-1945. Robert Steegmann. Le mensonge officiel[L'un des témoignages essentiels sur la vie quotidienne à Drancy est celui de Paul Zuckermann, sténodactylo de 28 ans, aux sentiments gaullistes affichés. Le 20 août 1941 à 7 h 30, il est arrêté avec son père Maurice et son jeune frère Albert à leur domicile, au 23, rue de la Roquette, dans le XIe arrondissement de Paris. Les gendarmes sont polis. "Il s'agit simplement d'une vérification d'identité", précisent-ils. Paul Zuckermann a été libéré de Drancy en septembre 1942. Il a survécu à la guerre, qu'il a passée dans la clandestinité.] Le 29 juillet [1942], Henri Laurent quitte ses fonctions de commandant du camp de Drancy. L'inspecteur Louis Thibaudat rapporte à Paul Zuckermann certains de ses propos, que ce dernier s'empresse de rapporter avec fierté à sa fiancée ""Je quitte mon poste avec regret. Je ne regrette pas le camp, mais la collaboration avec vous et avec quelques internés..." Et il m'a cité dans les premiers! On a confiance en moi et on le peut je le mérite." Zuckermann, comme tant d'autres, perd de vue ce que les conditions de son travail ont d'anormal. [...] Fin juillet, alors que le camp de Drancy vient d'être vidé par le départ en dix jours de cinq convois en direction d'Auschwitz, il confie à sa fiancée "Et maintenant, au lieu de me reposer, je veux remettre le camp en état, le faire nettoyer, désinfecter il y a du travail en vue." [...] Dans les premiers jours d'août, devenu partiellement insomniaque, il avoue ne plus penser "qu'aux listes et aux départs", parle des convois de déportés en termes de "réexpéditions" et de "travail en perspective", tout en ajoutant "Et quel genre de travail!" Quand il s'aperçoit que la séparation des familles dans la déportation tend à devenir la règle, que des vieillards et de très jeunes enfants isolés ne peuvent d'évidence être destinés au travail, il se raccroche pendant quelques jours aux mythes distillés par les Allemands et repris par Vichy "Les enfants seront séparés de leurs parents. Les déportations se font aux pays Baltes ou en Pologne. Ce n'est pas pour le travail. Ce sont des constitutions de communautés juives qui vivront en économie fermée agriculture et artisanat. Les parents vont préparer les baraquements, les enfants doivent suivre fin août ou fin septembre. Je sais tout cela officiellement, mais avoir un programme, c'est une chose, et l'appliquer, c'en est une autre." La déportation des enfants[Le 14 août 1942, le convoi qui quitte Drancy pour Auschwitz est le premier comportant des enfants -60 de 4 à 15 ans, mêlés à des adultes. L'arrivée, dans la foulée, des enfants en provenance des camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande bouleverse tous ceux qui sont à Drancy.] Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement Les enfants ont été conduits de la gare d'Austerlitz à Drancy en autobus. Les balluchons oubliés dans les véhicules sont jetés dans la cour et, dans cet amoncellement, ils tentent, souvent en vain, de retrouver leurs biens. Puis ils sont "parqués par 110-120 dans des chambres sans aucun mobilier, avec des paillasses d'une saleté repoussante étalées par terre. Sur les paliers, on disposait des seaux hygiéniques parce que beaucoup étaient trop petits pour descendre l'escalier tout seuls et aller aux WC se trouvant dans la cour", écrit Georges Wellers, l'un des rares adultes autorisés à pénétrer dans les chambrées d'enfants après 21 heures. A cette époque, l'ordinaire du camp se composait de soupe aux choux. Très rapidement, tous les enfants furent atteints de diarrhée. Ils salissaient leurs vêtements et les paillasses sur lesquelles ils restaient assis toute la journée et sur lesquelles ils dormaient la nuit. [...] Leur sommeil était agité, beaucoup criaient, pleuraient et appelaient leur mère et, parfois, la totalité des enfants d'une chambrée hurlaient de terreur et de désespoir. [...] En septembre, les enfants juifs en sursis à l'infirmerie usent, pour désigner l'endroit où on les envoie, du mot de "Pitchipoï", qui se diffuse rapidement parmi les internés à la place de "destination inconnue", dont use l'administration pour désigner Auschwitz. L'invention des enfants est plutôt un détournement. Pitchipoï est un de ces lieux imaginaires qu'affectionne le folklore yiddish. Il provient d'une comptine enfantine très populaire, surtout dans les écoles laïques de Vilno dans les années trente. Ce lieu imaginaire s'est forgé à partir des termes polonais pitch boire et poï abreuver le bétail. Cette bourgade imaginaire est ainsi synonyme du dernier espoir et "Pitchipoï désignait dans le camp de Drancy le lieu inconnu où l'on vous envoyait, là où c'était mieux". Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris ValléeLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux PuvA9.
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